Une fondation au nom de Pape Diouf dédiée à la citoyenneté

31 mars 2020 – 31 mars 2021 : Un an déjà.

Mababa Diouf, dit Pape Diouf, ancien président de l’OM, s’est éteint il y a un an jour pour jour à Dakar. Il avait 68 ans. Journaliste sportif, puis agent de joueurs, il a été président de l’Olympique de Marseille de 2005 à 2009. Une personnalité du football qui a gardé une place à part dans les cœurs des Marseillais, des Sénégalais et pas seulement et qui le lui rendent très bien.

Né de parents sénégalais à Abéché, au Tchad, où son père travaillait pour l’armée française, Pape Diouf est envoyé en France à l’âge de 18 ans pour poursuivre une carrière militaire. Son père l’a en fait engagé pour rejoindre le génie d’Avignon après une escale à Marseille pour devenir militaire de carrière.

N’ayant pas la vocation militaire, Pape Diouf s’échappe du dessein paternel pour trouver son propre destin. C’est ainsi que débute son histoire avec Marseille. Il enchaîne les petits boulots, dont l’un, à la poste, le mène à la rencontre d’un journaliste pigiste du journal « La Marseillaise », qui discutait souvent avec lui des résultats sportifs. Le journal va finalement l’engager comme pigiste et il voit ainsi sa carrière de journaliste lancée. Il restera à « La Marseillaise » plus d’une décennie.

À la fin des années 80, les joueurs de football africains étaient beaucoup moins bien payés que leurs homologues européens. Il n’y avait que peu d’agents de joueurs en France et la profession avait mauvaise réputation. C’est là que Pape a embrassé sa nouvelle carrière en créant en 1989 sa société « Mondial Promotion ». Pour lui, l’intérêt des joueurs passait toujours en première position, avant même qu’il puisse envisager de négocier son propre intérêt.

C’est ainsi que de nombreux lui confièrent la gestion de leur carrière, des africains ou d’origines africaines : Joseph Antoine Bell, Basile Boli, Abedi Ayew Pelé, François Omam-Biyik, Rigobert Song, Marc-Vivien Foé, Marcel Desailly, Titi Camara, Habib Bèye, Frédéric Kanouté, Peguy Luyindula, Didier Drogba, William Gallas, Samir Nasri, Andre et Jordan Ayew. Mais ce ne sont pas les seuls à lui avoir fait confiance, d’autres joueurs n’ayant aucune connexion avec l’Afrique l’ont eu pour agent, comme Robert Pirès, Laurent Blanc et Grégory Coupet…

Après 15 ans comme agent et après avoir repoussé à deux reprises les approches du club, Pape Diouf intègre l’OM en 2004, d’abord comme directeur général, puis comme président un an plus tard. Il a été souvent loué pour avoir été le premier président africain d’un club d’élite de football européen, mais il décrivait cette situation comme « un constat pénible, à l’image de la société européenne et, surtout, française, qui exclut les minorités ethniques ».

Pour honorer la mémoire de Pape Diouf, sa femme Oumy Diouf lance ce mercredi une fondation à son nom dédiée à la citoyenneté. Un projet que Pape Diouf avait mis sur les rails. Nathalie Paoli, son ancienne directrice de communication, Yann Pecheral, Julien Fournier, Alexandre Faure, Cherif Seye, Thierno Seydi et Etienne Mendy seront les promoteurs de ce fonds de dotation pour financer des projets de citoyenneté, des projets qui contribuent à l’égalité, qui servent les jeunes, et notamment ceux des quartiers les plus sensibles, aussi bien en France qu’à l’étranger.

Une station de métro, le rond-point du Prado ou un virage du stade Vélodrome qui porte le nom de Pape Diouf… autant d’idées et de formes de reconnaissance sur lui portées soit par des supporters, soit par des anonymes et même le journal « La Marseillaise ».

Le Club de l’OM a décidé que toute cette journée du 31 mars 2021 est dédiée à Pape Diouf, avec un hommage sur tous les réseaux, des diffusions d’images d’archives, des témoignages de supporters.

La Nuit du Football Africain (NFA), un événement panafricain, récompense les performances du football africain, ainsi que les initiatives et réalisations africaines. Le trophée spécial, qui récompense une action forte ponctuelle de grande envergure, avait été rebaptisé l’année dernière le Prix Pape Diouf.

Abdou SONKO

a décision du gouvernement de créer une commission d’enquête indépendante sur les crimes commis lors de la répression violente des manifestations du mois de mars 2021 au Sénégal. Néanmoins, il reste sceptique d’autant que c’est ce même gouvernement qui vient de publier un mémorandum qui conclut et désigne, après un long réquisitoire, que le coupable est Ousmane SONKO. Le M2D reste « vigilant sur les modalités de mise en place, la composition et les TDR de cette commission dite indépendante, puisqu’il est constant que, sous nos cieux, de telles commissions ne sont souvent créées que pour ensevelir la vérité et charger des cibles désignées. »

En fin de compte, c’est toute l’opposition et la société civile qui doivent crier au scandale après la publication de ce mémorandum.

Comme souvent depuis le début de cette affaire, la majorité présidentielle à travers son gouvernement et ses alliés du monde des média tentent de ternir l’image de ses adversaires et plus particulièrement celle du Président Ousmane SONKO. La mise en place de cette commission et la publication de ce mémorandum ne viennent que relancer le débat, là où les institutions de la justice et les autorités militaires disposent de tous les instruments et les moyens nécessaires pour mener des enquêtes sérieuses pour le rétablissement de la vérité. C’est une nouvelle fois une dérive solitaire du gouvernement dans la gestion de la crise, irrespectueuse de la volonté annoncée d’apporter les clarifications nécessaires pour surmonter cette crise. Mais aussi, c’est surtout la preuve que le gouvernement n’a pas du tout compris le cri d’appel de sa jeunesse et s’installe de manière irréversible dans ce que l’on peut appeler un naufrage démocratique totalement surréaliste, comme pour donner un coup de force institutionnelle à cette commission d’enquête dite indépendante sur les crimes commis.

C’est scandaleux et cela donne à penser que le gouvernement a quelque chose à cacher, ou à se reprocher dans son incapacité à prévenir et à anticiper les évènements, à gérer la crise, à jouer assez tôt sur les leviers sociaux et religieux avant que la situation ne dégénère et n’entraine des pertes humaines. Des alertes de toutes sortes ont été faites, elles n’ont malheureusement pas trouvé échos auprès de nos dirigeants.

Le mémorandum souligne une série de manquements pendant la crise, mais surtout attribue la totale responsabilité à « Ousmane SONKO et à ses partisans ». Il relate les faits depuis le dépôt de la plainte, jusqu’aux conséquences engendrées par les émeutes en passant par les extraits de Ousmane SONKO lors de ses déclarations de presse avant sa libération du 8 mars 2021 et son placement sous contrôle judiciaire. « Au niveau international A Bordeaux, Marseille, Paris, Rome, Madrid, Barcelone, Ottawa et New York, les Ambassades et Consulats du Sénégal ont rendu compte de manifestations ou de programmation de protestations de militants et sympathisants du parti PASTEF. » dixit le mémorandum.

Le mémorandum finit par établir le bilan détaillé des dégâts et pertes causés par les manifestations populaires et le message in extenso du 8 mars 2021 du président de la république.

A aucun moment, le mémorandum n’évoque la menace terroriste et les forces occultes pourtant présentes de manière insidieuse et récurrente dans tous les discours et publications des membres de la majorité présidentielle et de leurs alliés médiatiques et sur les plateaux de télévision. Pourquoi cette omission du mémorandum sur la crise ? C’est tout simplement parce que nous sommes, depuis le début de la crise, en face d’une mise en scène et un déni conclu par un rapport partiel et partial, plus proche d’un réquisitoire et d’une instrumentalisation politique et politicienne de la part du gouvernement.

La jeunesse sensée avoir été comprise attendait de ce mémorandum qu’il lui dise ce que le Président de la République a vraiment compris de son cri du cœur du mois de mars et qu’il lui propose plusieurs solutions durables sur l’ensemble du territoire et dans tous les secteurs concernés pour éviter de reproduire les erreurs qu’il a notées.

Au final, Jeunesse, continue ton combat démocratique.

Abdou SONKO

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